Prélude d'Aïcha Arnaout

Un bouquet de flammes ouvre la voie au printemps nomade et le nomme : Rencontre.

L’étincelle traverse les distances de quelques jours-lumière,

réveille l’artère sismique dans le ventre de notre terre.

L’imprévisible surgit, l’inattendu se met à jour.

Chantons d’une seule voix l’Hymne à la Liberté.

(Aïcha Arnaout, poétesse syrienne)

dimanche 13 novembre 2016

Hala Mohammad


Le temps n’est plus aux gerbes de myrte
Les tombes semblent passagères
La mort n’est plus ce qu’elle était
Les corps sont chauds
Souriants
Chaleureux
Libres
Ils semblent encore en vie
Ils ne meurent pas
Le Tyran
Veut exterminer la mort
Une stèle après l’autre
Il abat les sépultures
Il ne veut pas risquer
D’en garder une seule
Une seule … qui …
Lui serait destinée.

Ou celui-là, tiré de son dernier recueil :
Les papillons
Émigrant avec les familles
Sur les baluchons de vêtements
Sur les fleurs des robes des filles
Dans les poches des grand-mères
Dans les supplications des mères
Sur les frontières
Se sont dévêtus de leurs couleurs
Sont entrés en exil
Une photo souvenir
En noir et blanc.
(traduit par Rania Samara)




« La poésie, c’est la voix des absents. Comme la justice est la voix de l’humanité. Comme la liberté est l’oxygène de la paix.
La poésie est un point d’équilibre, un cri doux mais très profond qui apaise l’angoisse de l’oubli.
Tant de disparus sans être eux-mêmes poètes étaient quand même des poètes de l’humanité parce qu’ils défendaient la grandeur de l’âme humaine,
Tant de poètes sont morts sous la torture, sont emprisonnés, exilés, refugiés.
La poésie c’est la voix intense de la vie qui cherche sans cesse, sans fin, un moment intense d’égalité.
Les absents ne sont pas sans voix. La poésie leur emprunte la voix pour écrire le rythme de la vie et de la mort en conjurant la peur et en embrassant l’amour. »

« Réfugiés dans la poésie, ce n’est pas un refuge dans un lieu, mais un symbole de la liberté. »


1 semaine après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris:

« En ces temps très difficiles, la culture est un besoin plus que jamais ! Elle peut apporter cette petite lumière dont nous avons tant besoin.
L’une des caractéristiques de ce besoin, c'est l'écoute de la voix de l'autre !
L’écoute de sa voix et de son rythme intérieurs, de son humour et des battements de sa vie célèbre la diversité. […]
Tuer un être humain, c'est vouloir remplacer l'écoute par le néant !
C’est ce qui se passe en Syrie depuis cinq ans ! D'abord du fait du régime puis du fait des extrémistes qui sont venus après ! Et c'est ce qui est arrivé à Paris il y a une semaine !
Tuer l'autre qui ne me ressemble pas, me tuer aussi pour le tuer. » Une deuxième fois comme pour parachever son anéantissement.

Extrait de son recueil "les Papillons", 2013    



Une interview de Hala Mohammad





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