Prélude d'Aïcha Arnaout

Un bouquet de flammes ouvre la voie au printemps nomade et le nomme : Rencontre.

L’étincelle traverse les distances de quelques jours-lumière,

réveille l’artère sismique dans le ventre de notre terre.

L’imprévisible surgit, l’inattendu se met à jour.

Chantons d’une seule voix l’Hymne à la Liberté.

(Aïcha Arnaout, poétesse syrienne)

vendredi 25 novembre 2016

Aïcha Arnaout : extraits poétiques

"Aïcha Arnaout est une poète syrienne née à Damas le 13 octobre

 1946, qui vit à Paris depuis 1978. Elle écrit en français et en arabe et ses recueils ont été traduits en plusieurs langues. La première fois que je l’ai entendue lire, il y a plusieurs années, j’ai été interpellée par la pureté d’une poésie qui questionne loin notre présence au monde, avec sobriété et exigence. Nous avons souvent échangé, en particulier lors du Marché de la Poésie, place Saint-Sulpice. Depuis le début de la révolte syrienne, Aïcha Arnaout ne compte pas son temps pour les revues de presse qu’elle fait circuler presque quotidiennement, les rassemblements et soirées de soutien auxquels elle participe "

Il s'agit d'un extrait d'un article écrit par Cécile Oumhani " Entretien avec la poétesse Aïcha Arnaout" dont la suite est ici.






Ne pleure pas, bel ange du langage, si tu n’arrives jamais à décrire l’abjecte réalité.
Ne pleure pas, l’étincelle de l’espoir continue son chemin.
L’œil discret qui couronne les bras nous invite chaque jour à l’indescriptible parturition.
Les processions rituelles continuent dans les rues de nos villes où l’unisson est un flagrant délit.
Les noces mortuaires inaugurent l’infinité des trajectoires. …………
Quelque part dans le miroir cosmique une image est grièvement blessée, le monde ne voit plus l’univers avec des jumelles.
Le monde monoculaire s’accommode à son kaleidoscope dans un jeu d’ombres et de couleurs impudiques ; Roulette russe, poupées chinoises et la danse des masques dans ce théâtre hybride.
Ne compte que sur tes bras verts et les bourgeons de tes ailes.
………… Ô forêt en convulsion qui ne cesse de réclamer l’inoubliable racine, n’attends rien du monde, le monde ne se voit que dans un miroir convexe.
« Peu importe » devient le mot d’ordre d’une sentence que dissimulent ces compassions vicieuses.
Le monde n’écoute pas le cri de ton sang qui coule ni celui qui va couler ; Mare, mer, océans … peu importe ! Ô théâtre immonde, un peu de respect aux pieds du chemin de croix de nos enfants icônes, les messagers de la liberté.
Ô créature hypnotisée, un peu de reconnaissance envers cette offrande de chair et de sang immolée sur l’autel de ta vraie liberté.


Aïcha / début juin 2011



DANS LES EAUX DU GLACIER ORIGINEL

« Dans les eaux du glacier originel
j'étais limpide
jusqu'à ce que la lune m'ordonne de paraître
et que la tempête vienne s'allonger sur mon corps

Impétueux comme l'ivresse des première fontes
mon cri n'est pas parvenu aux scarabées volants
Je l'ai étouffé dans le sable

On entendait autre chose
que l'écho et le râle des oiseaux
On voyait autre chose
que les eaux éplorées et la tornade de l'horizon. »

Aïcha Arnaout, Fragments d'eau et autres poèmes,
 Al Manar, Collection Méditerranées, 2003, page 21. Traduction d'Abdellatif Laâbi.






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